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mercredi 28 août 2013
La circoncision, une opération à prendre au sérieux
Par AME le mercredi 28 août 2013, 20:59
La circoncision est le destin des mâles musulmans. Elle est enracinée dans les mœurs de tous les Marocains. Cette pratique, qui consiste en l’ablation totale ou partielle du prépuce, trouve son origine dans de nombreux Hadiths. «La circoncision pour les Marocains est avant tout une appartenance à l’Islam, à savoir la puissance intégrative du sacré J’ai fait intégrer mon fils dans l’Islam, et c’est l’essentiel pour moi, disent la plupart des parents. C’est aussi un changement de statut, ce qui nous a paru prépondérant dans les discours des familles à l'occasion de la fête de la circoncision. En effet, l’enfant, une fois circoncis, se transforme en géniteur et par la même devient maître des fonctions masculines : pour les Marocains, la circoncision permet à l’enfant de devenir un homme. La circoncision en tant que rite de passage a pour but de promouvoir et symboliser la pleine acceptation des rôles sexuels socialement prescrits», indique Mohssine Benzakour, psychosociologue. Et de poursuivre : «La circoncision est également une façon de respecter la tradition ce qui signifie l’obéissance aux valeurs sociales et morales de la société. Autrement dit, pour le garçon, cela signifie s’inscrire dans une filiation au niveau social. L’enfant est le médiateur qui prolongera la vie du groupe en tant que tel et on l’aide autant que faire se peut. Ainsi, pour la première fois, le garçon voit et sent ce qu'est la famille, il va devenir l’espoir du groupe qui porte sur lui l’assurance de son avenir. Enfin, célébrer la circoncision est aussi une occasion de faire la fête». Si tous les garçons marocains passent par cette expérience, il est sûr et certain qu’ils ne la vivent pas tous de la même manière. Certains parents circoncisent toujours leurs enfants de façon traditionnelle chez lhajjam, une sorte de barbier polyvalent qui pratique indifféremment l’arrachage de dents, les saignées et la circoncision. Bien que cette méthode traditionnelle ait été efficace pour un grand nombre de garçons, elle peut souvent être dangereuse si les conditions d’hygiène ne sont pas respectées. «La circoncision est un acte chirurgical qui doit obéir aux mêmes règles de tout acte opératoire sans oublier qu'il s'agit généralement d'un enfant non malade et qu’aucun risque n'est permis. Chez le barbier, ce qui implique aussi les cabinets infirmiers et de médecine, beaucoup de normes sont non respectées, avec un risque accru d'infection, d’hémorragie, voire même des accidents graves allant jusqu'aux sections de verges. En milieu hospitalier, tous ces risques sont quasi nuls en raison de la prise en charge pluridisciplinaire. C’est, en effet, la meilleure sécurité pour l’enfant», explique Dr Sâad Bennis, urologue. «En clinique, l'acte opératoire ne dure que 15 minutes sous anesthésie générale légère. L’enfant est endormi puis réveillé instantanément. Il pourra quitter la clinique, par sécurité, deux heures après l'acte sans pansement avec des soins locaux pendant une semaine. Par ailleurs, il est préconisé de ne pas pratiquer la circoncision avant cinq ou six mois sous anesthésie générale sauf pour des raisons forcées ou pour urgence médicale. En effet, la circoncision devient nécessaire et absolue sans délai uniquement lorsque surviennent des infections urinaires sévères et répétées mettant en péril l'appareil rénal ou lorsqu'il est impossible de décalotter le gland ce que l'on appelle un phimosis. Dans ce cas (quand l’enfant a moins de 5 mois), l’opération sera alors réalisée sous anesthésie locale. De toutes les façons, quand les conditions d'hygiène sont respectées, l'enfant s'en remet après 48 heures», ajoute Dr Bennis.
Avis du spécialiste Mohssine Benzakour, psychosociologue : En ce qui concerne la circoncision, si on la considère dans son contexte rituel et socioculturel les Marocains la fêtent comme ils fêtent le mariage. Justement pour la famille le mariage c'est l'occasion de prouver la bonne éducation de leur fille (le rituel de la virginité). De même, la circoncision prouve la masculinité de leur garçon et c'est la non-circoncision en ce qu’elle représente une absence de valorisation, qui peut être vécue comme une atteinte à l’intégrité narcissique du garçon qui dans ce cas éprouverait un sentiment d’incomplétude et pour la famille qui se sentirait écartée de la communauté. En outre, nous serons tentés de dire que c’est plutôt la non-circoncision qui est vécue comme castration, comme refus de la part du père de reconnaître la masculinité de son fils. Car la circoncision en tant qu’attribut physique inhérent au clan des adultes masculins, réalise non seulement l’identité sexuelle du garçon, mais, par son respect du rite de passage le fait promouvoir conjointement à une position sociale supérieure. En cela, elle engendre chez le garçon initié une valorisation narcissique, un sentiment narcissique de complétude. Inversement, le garçon non circoncis aura un sentiment d’incomplétude et d’infériorité par rapport à son entourage et plus particulièrement vis-à-vis de ses camarades ; il n’est pas encore un homme rajel. De ce fait, la non-circoncision est vécue comme une blessure narcissique, comme une castration.